Pourquoi ce journal intime ?

Un besoin d'écrire tout simplement ? Aligner les mots et maux comme une thérapie ?
A maintes reprises j'ai cherché en vain des blogs parlant de le bipolarité et jamais je ne m'y suis retrouvée.
Je désire un blog simple où chaque personnes malades ou non puissent s'exprimer librement.
N'hésiter pas à m'envoyer vos textes, poésies...je les publierais, avec votre consentement bien sur.
Mon but n'est pas d'avoir plusieurs lecteurs mais si je peux aider, soutenir une seule personne et partager avec elle ce sera pour moi partie gagnée !!
Nathalie


lundi 23 décembre 2013

Une histoire de Noël

Aujourd’hui fêtée dans le monde entier, la veillée de Noël puise ses origines dans l’Antiquité. Retour sur sa longue histoire et celle d’un personnage légendaire qui, vert à l’origine, est devenu rouge pour des raisons de marketing.


On n’a pas attendu le Père Noël pour fêter Noël. Dès l’Antiquité, le solstice d’hiver donnait lieu à des célébrations. Et les Celtes avaient un Père Noël en la figure du dieu Garganporteur de cadeaux pour les enfants. Ce même dieu inspira Rabelais pour son Gargantua.

Mais la véritable origine de Noël remonterait au XIIe siècle. A cette époque, c’est la figure de saint Nicolas (un évêque qui aurait sauvé des enfants au IVe siècle) qui distribue des cadeaux aux enfants sages, dans la nuit du 5 au 6décembre, tandis que les autres sont punis par son acolyte,le terrifiant Père Fouettard. Cette fête des enfants fut peu à peu reliée à la nativité du Christ etdéplacée à la nuit du 24 au 25décembre, pour arriver à la fête de Noël telle qu’on la connaît aujourd’hui. Le 24 au soir, les catholiques célèbrent la messe de minuit, qui marque la naissance de l’enfant Jésus à Bethléem, ville à présent située dans les Territoires palestiniens. Mais les différents rites liés à Noël ne font que très progressivement leur apparition.
Premières crèches, premiers sapins                                               

La première crèche remonterait à 1223. Elle aurait été élaborée par saint François d’Assise, qui souhaitait représenter la naissance de l’enfant Jésus, à Greccio, en Italie. Il s’agissait à l’époque d’une crèche «vivante», mettant en scène des acteurs. A partir du XVIIIe siècle, la tradition de la crèche s’institutionnalise dans le monde catholique. Les santons, qui jouent des scènes de la vie quotidienne ou des métiers, apparaissent plus tard en Provence.

Le premier arbre de Noël pourrait être apparu en Alsace en 1521. Il trouverait ses origines dans les pièces de théâtre représentées sur les parvis des églises, les Mystères. Ceux-ci narraient les récits bibliques de la création du monde. L’Arbre de Vie y était représente par un sapin décoré de pommes, symboles du péché.
Le rouge de Coca-Cola
Ce n’est qu’en 1821 que le Père Noël fait son apparition, dans un conte écrit par un pasteur américain: A Visit from St. Nicholas. S’inspirant du personnage de saint Nicolas, il contribue à lui donner son apparence actuelle. Mais il faudra attendre 1860 pour que le Père Noël, souvent représenté en vert, revête son costume rouge sous la plume du caricaturiste new-yorkais,Thomas Nast. Il l’adoptera définitivement en 1931 grâce à une célèbre marque de sodas américaine.
En 1931, le dessinateur Haddon Sundblom fut chargé par Coca-Cola d’élaborer une mascotte reconnaissable par tous et symbolisant la saison froide. Celui-ci choisit de s’approprier le célèbre personnage du Père Noël, en lui donnant une nouvelle apparence. Il l’a rendu plus sympathique, avec son ventre rebondi, son visage souriant et son attitude débonnaire. Son coup de génie a été de le parer de rouge et de blanc, aux couleurs de la bouteille. Il l’a représenté buvant cette boisson pour reprendre des forces pendant sa longue nuit de distribution de cadeaux aux enfants. Ainsi redessiné, il servira d’ambassadeur de la marque durant trente-cinq ans, dans ses campagnes publicitaires ou dans la presse écrite et à la télévision et ce, tout autour de la planète. L’image du Père Noël dans l’imaginaire collectif est restée aujourd’hui très proche de celle qu’a dessinée Haddon Sundblom il y a plus de soixante-dix ans.
Aujourd’hui, la fête de Noël s’est éloignée de ses origines religieuses. Certains critiquent son aspect mercantile, n’y voyant qu’une occasion pour les commerçants d’augmenter leur chiffre d’affaires. Mais, pour beaucoup, Noël reste une occasion de se réunir en famille et, pour les enfants, de s’émerveiller.

Je tenais à partager avec vous ce conte de la "Petite fille aux allumettes" qui me rappelle de merveilleux souvenirs de mon enfance. Je le regardais chaque soir à la télévision lorsque j'étais gardée par ma tante et mon oncle durant les vacances de Noël.


                                 JOYEUX NOEL !!!!

http://www.jedessine.com/c_31922/lecture/contes-classiques/les-contes-d-andersen/la-petite-filles-aux-allumettes#


                                
                                                                                                

mardi 17 décembre 2013

Un joli poème "être bipolaire"


Un joli poème que j'avais envie de partager avec vous, dans lequel beaucoup de nous se retrouverons.

Lu sur le blog "Etoile bipolaire"

Etre bipolaire

c'est ne plus être soi c'est être deux parfois,

celui qui agit sans se contrôler

celui qui regarde et qui ne comprend pas.



Etre bipolaire

c'est aussi partir très loin dans sa tête,

inventer son histoire, sortir de la réalité.

Etre sûr que c'est l'autre qui ne vous comprend pas.

Alors crier plus fort, devenir agressif et parfois, violent

et puis le lendemain ne se souvenir de rien.



Etre bipolaire

c'est aussi s'envoler, ne plus avoir de doute, ne plus avoir de peur.

Etre alors convaincu qu'on peut tout réussir jusqu'au plus grand projet jusqu'à sa déchéance.

C'est bouillir d'énergie ne plus la contrôler; ne plus avoir besoin de dormir la nuit.

C'est parler bien plus vite c'est ne plus se comprendre;

ressentir l'énergie habiter votre corps vous sentir bien plus fort.

C'est ne pas supporter que les autres ne suivent pas

qu'ils se fatiguent de vous et parfois, baissent les bras.





Etre bipolaire

c'est un jour pour rien tomber dans le néant

et se mettre à pleurer ne plus aimer la vie;

c'est se réfugier bien au chaud, dans son lit.

C'est rêver que le jour, demain ne se lève pas.

C'est repousser les gens même ses meilleurs amis.

Ne plus pouvoir sortir de son nid, de chez soi

et être persuadé que le danger est là.

C'est avoir honte aussi de ne plus pouvoir rien faire,

qu'on vous dise , tout le temps de faire un petit effort.

Mais ce qu'ils ne savent pas c'est qu'à ces moments-là

pour nous, à l'intérieur il n'y a plus rien à faire.





Etre bipolaire

c'est voir la vie qui passe et vous, qui, à côté, n'en faites plus partie.

C'est l'envie d'en finir.

C'est ne plus supporter d'avoir mal, de souffrir

de ne plus se reconnaître.

D'avoir une impression de double identité;

et parfois même pire d'être vraiment habité.

De ne plus rien maîtriser de se faire mal, jusqu'où?

ou de faire mal aux autres..





Etre bipolaire

c'est lâcher notre monde et partir dans un autre que l'on ne connait pas;

y voir même des êtres, des choses, qui n'existent pas à vos yeux

ni aux nôtres d'ailleurs.

C'est avoir peur de ça.

C'est être en psychiatrie pour rester protégé.

C'est reposer les autres ceux qui vivent avec nous.

C'est que l'on ne nous voit pas, parce qu'on a honte de soi;

c'est la peur de sortir et d'affronter le monde.

Nous demander sans cesse: sommes nous capables ou pas?





Etre bipolaire,

c'est la médication c'est essayer, sans relâche tant que ça ne marche pas.

Tant que l'on ne peut pas reprendre une vie sereine.

Et c'est subir aussi, les effets secondaires, les tremblements, le flou;

ces moments, où pour nous aider, on est vraiment drogué!

Les moments de colère, de déni de dégoût, de fatigue, de doutes,

et puis de désespoir.

C'est quand on y croit plus et qu'on appelle la mort

pour supporter la vie; qu'on se voit déjà mort

tellement et tellement, qu'on a envie plus fort.





Et puis si un beau jour à force d'essayer, un peu comme un miracle;

on devenait alors, plus équilibré voire même stabilisé;

alors à ce moment il faut se retrouver

non!

Bien plus que ça encore il faut se découvrir.

Et il faut accepter de vivre sans envolées, sans ces moments qu'on aime, ces vagues de folie.

C'est si paradoxal!

Que même moi je l'avoue comprendre, j'ai du mal...

Il est si difficile de savoir ce qui est bipolaire ou, fait partie de nous;

il nous faut entreprendre une longue route encore.

Se persuader qu'on a sa propre identité.

Qu'on est quelqu'un, malgré la bipolarité.



Amberwood.


                              


samedi 14 décembre 2013

La pensée positive pour s'en sortir…


Il est des moments où le moral est au plus bas, où le découragement prend le pas sur l’enthousiasme. Penser positif peut être alors d’un grand secours, non pas pour poser béatement un déni sur les obstacles mais plutôt pour que ceux-ci, par la magie d’un regard différent, viennent en quelque sorte alimenter notre persévérance.

Ne rien lâcher sur son désir est une induction psychanalytique qui s’enracine dans des siècles de pensée positive. De la philosophie d’Épicure à la méthode Coué, en passant par la sophrologie, nous pouvons puiser, chaque fois que nous nous sentons déstabilisés, des trésors d’astuces pour tenir le coup… 

Une possibilité à disposition
S’il y a une chose que personne ne peut nous prendre et qui ne nous abandonnera jamais, c’est bien notre imagination. Aussi pouvons-nous choisir de nous laisser passivement envahir par des pensées négatives ou, au contraire, décider une fois pour toutes que nous pouvons influer sur la représentation que nous nous faisons d’une situation. Le yoga millénaire savait déjà que tout ici-bas possède son corollaire inversé. Ainsi, quand la défaite se manifeste, c’est bien que la victoire n’est pas loin. La mort n’existe qu’opposée à la vie. Dès lors, penser positif c’est choisir définitivement son camp. Il s’agit d’opter pour l’optimisme, tout en sachant que les limites existent et que l’imagination est là pour nous aider à les repousser. L’exemple de personnes emprisonnées pendant des années, tel Nelson Mandela, nous prouve bien que l’esprit est une possibilité toujours offerte…

Croire en soi
Pour les croyants, cette attitude de confiance s’appelle la foi. Mais il n’est pas utile d’adhérer à une religion pour bénéficier de cette énergie positive qui peut soulever les montagnes. Le docteur Joseph Murphy donne une explication très simple de ce processus dans son étonnant ouvrage « Exploitez la puissance de votre subconscient » : La loi de la vie est la loi de la croyance. Une croyance est une pensée entretenue par votre esprit conscient. Ne croyez pas que quelque chose puisse vous nuire. Croyez en la puissance de votre subconscient pour vous guérir, vous inspirer, vous fortifier et pour vous enrichir. Il vous est donné selon votre croyance… Ainsi, Christophe Maé, le célèbre chanteur français, lors d’une interview donnée à Signes & sens magazine, répondait à une question concernant le découragement, en ces termes : Je m’en suis sorti grâce à mon tempérament positif et puis j’ai toujours été conscient que je pouvais y arriver. J’ai toujours été sûr de moi sans pour cela me leurrer. Au fond de moi, la certitude de pouvoir y arriver a fait que je m’en suis donné les moyens. Dès que je pouvais réaliser des maquettes, je le faisais. J’allais les présenter aux maisons de disques sans vraiment baisser les bras. Jusqu’au jour de la rencontre. Mais ce qui m’a le plus réconforté, c’était de croire en moi et de passer à l’acte en écrivant mes propres textes, sans attendre qu’ils viennent de quelqu’un d’autre… On voit bien que l’attitude positive nécessite d’avoir foi en soi contre vents et marées. Et cela est à la portée de tous… Le secret de la réussite résidant en cette prise de conscience que les bons passages à l’acte suivent…

Positiver ce qui nous dérange !
Lorsque Claude François essuyait une déception sentimentale, il en faisait un tube. C’est le cas de « Comme d’habitude », composée à la suite de sa rupture avec France Gall ou « Le téléphone pleure »… Jacques Brel aurait-il écrit « Ne me quitte pas » s’il n’avait pas expérimenté la douleur de l’abandon ?
La psychanalyse rejoint la pensée positive lorsqu’elle parle de sublimation.
Sigmund Freud, le maître de cette discipline, était persuadé que nous avons tous en nous cette possibilité. C’est bien le sens de la cure psychanalytique qui consiste, au bout du compte (ou du conte ?), à faire quelque chose de nos souffrances conscientes et inconscientes. Il n’est qu’à lire l’excellent témoignage de Pierre Rey, dans son ouvrage
« Une saison chez Lacan » publié aux Éditions Points, pour comprendre qu’il n’est question que de positiver ce qui nous dérange, ce qui reste in fine la seule manière de tenir le coup et de s’en sortir !

François Bardy


Optimisez votre vie !
Optimiser sa vie requiert une déprogrammation de nos imaginations négatives et autres procès d’intention. Ce regard neuf engendrera toujours plus de paroles de paix qui, à leur tour, seront véhiculées par d’autres que soi. Il s’agit-là d’une forme positive, superbe impulsion pour aller de l’avant ! Amertume et rancœurs constituent les fléaux de l’humanité. Quoi qu’il en soit, ce nouveau contrat que l’on passe avec soi-même empêche de redouter le présent et l’avenir. L’épanouissement sert la créativité car l’optimisme est créateur. À l’inverse, comme le soulignent les Écritures Saintes, ce que je redoute m’arrive...

Je terminerais par cette phrase que mon amie me conseille à se répéter, à coller sur le frigidaire... :

             JE VAIS BIEN, TOUT VA BIEN  !!!!!

             
                              


mardi 10 décembre 2013

Conséquences sociales des troubles bipolaires


Mieux le patient est informé,
Mieux il se soigne
Meilleur est le résultat

La maladie bipolaire est un trouble aux conséquences sociales importantes : le surcoût de la maladie est évalué à plusieurs milliards d’euros, elle représente la sixième cause de handicap chez les personnes âgées de 15 à 44 ans d’après l’O.MS., et se trouve en neuvième position si l’on se réfère au nombre d’années de vie perdue ou en invalidité.
Le risque élevé de perturbations sociales est lié à plusieurs causes :
  • Le diagnostic souvent trop tardif, posé après 8 à 10 ans d’évolution en moyenne et après l’intervention de 5 médecins différents.
  • La gravité des épisodes.
  • L’évolution chronique, en raison de la fréquence des récurrences (0.6 épisodes par an en moyenne) et  des états séquellaires.
  • La fréquence des formes résistantes, en raison de la mauvaise observance du traitement et des caractéristiques de la personnalité.
  • La fréquence des formes compliquées, comme les formes à cycles rapides ou les formes rémittentes, sans véritables intervalles libres.
  • La fréquence des comorbidités, comme les abus de substance ou les troubles de la personnalité

Conséquences familiales :
Les conséquences familiales des troubles bipolaires sont nombreuses. La principale est représentée par les difficultés conjugales, et en particulier la fréquence des divorces, des séparations ou des célibats. Une étude retrouve ainsi que seuls 24% des bipolaires vivent en couple, que 50% n’ont jamais été mariés, que 26% sont séparés (24) ; une autre étude montre que 45% sont divorcés ou séparés et 32% sont célibataires (5), la plus récente fait apparaître que 58 % vivent seuls (9).
L’autre conséquence familiale à prendre en compte est la fréquence des répercussions sur l’équilibre familial : 93% des membres de l’entourage rapportent une détresse ou une souffrance psychique, qui est majeure dans la moitié des cas (19). Il existe des répercussions majeures dans l’équilibre du couple (8), avec des conséquences nettement plus marquées chez les bipolaires que chez les unipolaires (4).
L’entourage est concerné : il subit les troubles et les complications et doit faire face aux conséquences. Il est obligé de s’adapter en permanence à des situations nouvelles, il vit dans un stress permanent, en état d’alerte par rapport au risque de rechute.

Conséquences socioprofessionnelles :
La fréquence des états séquellaires et des évolutions chroniques explique les conséquences socio-professionnelles importantes de la maladie bipolaire (13-14). Seuls 40% des patients présentent une évolution favorable avec reprise d’une activité professionnelle, les 60 % restant étant confrontés à des situations de perte d’emploi (12) ; une étude retrouve que seuls 16% ont un emploi à plein temps et 22% à temps partiel (24).
Ces conséquences peuvent également s’observer par une dégradation du statut professionnel  retrouvée dans 54%  des cas (5) et par une diminution des revenus professionnels dans 32% des cas. L’étude EMBLEM (9) confirme ces données, en montrant des répercussions professionnelles chez 68% des patients.
La majorité des études montrent ainsi qu’au moins la moitié des patients n’ont pas d’activité professionnelle stable.

Conséquences médico-légales :
Les conséquences médico-légales des troubles bipolaires ont longtemps été sous-évaluées.
Les infractions contre les biens (vols, escroqueries…) ont été très peu étudiées, et on ne dispose pas de données fiables.
Quelques cas d’incendies criminels ont été signalés : Ris (22) retrouve 3 cas sur 153 ; Puri (20) retrouve 11% de dépressions parmi les auteurs d’incendies criminel, Räsäsen et al (21) 14% de dépressions, Leong et al (16) 16% de troubles thymiques, et Ritchie & Huff (23) retrouvent 10% de bipolaires, 5% d’épisodes dépressifs majeurs, 35% d’alcoolisme, et 22% de toxicomanie.
Les infractions contre les personnes concernent plus les déprimés que les maniaques, les sujets présentant des troubles de la personnalité ou des abus de substance associés, et les formes délirantes (les seuls cas d’homicides rapportés chez des maniaques étaient le fait de manies délirantes). Dans un article largement repris, Bénézech et al (2), sur une série de 109 homicides ayant bénéficié de l’ancien article 64, retrouvaient 64 schizophrénies, 21 paranoïas, et 2 PMD. Bénézech et Bourgeois (3) relèvent une forte corrélation suicide-homicide. Eronnen et al (10), sur 693 meurtriers, retrouvent 32 cas de dépression et aucun de manie.
Les infractions sexuelles sont souvent en rapport avec un trouble bipolaire, du fait de la désinhibition et de l’hypersexualité : Kapfa et al (15) retrouvent 76% de troubles thymiques parmi des auteurs d’agressions sexuelles, Mc Elroy et al (17)  61% de troubles thymiques et 36% de troubles bipolaires, et Galli & Mc Elroy (11) 82% de troubles thymiques et 55% de troubles bipolaires.
D’une façon générale, le taux de criminalité des bipolaires est supérieur à celui des témoins, et leur taux d’antécédents judiciaires est deux fois plus élevé.
Le pourcentage de bipolaires en prison est diversement apprécié (2 à 34%), mais il est très probablement sous-évalué, de nombreux troubles bipolaires étant confondus avec des troubles de personnalité, ou des déséquilibres psychopathiques.
Les meurtres et agressions sexuelles des bipolaires sont souvent liés à des abus de substances ou à des troubles de la personnalité, avec une augmentation du risque d’homicide lors des dépressions.
Il existe par ailleurs une probable sous-estimation du diagnostic en milieu carcéral, et une sous-évaluation de la dangerosité en ce qui concerne la sexualité.
On peut aussi relever la fréquence élevée des actes médico-légaux mineurs (outrages, vols, escroqueries, violences, destruction, exhibitionnisme, gestes impudiques, infraction à la circulation).

Conséquences économiques :
Les conséquences socio-économiques des troubles bipolaires sont majeures. L’ensemble des coûts directs et indirects pour les troubles de l’humeur est  estimé aux USA à 45,2 milliards de dollars  (26), dont 60% sont consacrés aux traitements.
Les coûts des seuls troubles bipolaires s’élèveraient à 24 milliards de dollars aux USA (1), et à 2 milliards de livres au Royaume Uni (6), dont 86% de coûts indirects.
En France, deux études ont été publiées : le coût des hospitalisations représenterait 1, 3 milliards d’euros (7), et le coût d’un épisode maniaque serait de 22.297 euros en moyenne (18).


Conclusion :
Le trouble bipolaire représente un handicap majeur, avec dans plus de 60 % des cas un dysfonctionnement psycho-social (25), et dans 90% des cas une souffrance  pour le patient et son entourage. Les conséquences sur la vie de ces patients et de leur entourage sont considérables. Les cas d’isolement, de divorce, de désorganisation de la vie familiale représentent 75% des troubles. Les pertes d’emploi les interruptions d’études sont retrouvé 50% des cas.
Les répercussions médico-légales sont sans doute plus importantes que les estimations habituellement admises, et les coûts  de la maladie bipolaires ont élevés, avec en particulier une surreprésentation des coûts indirects : perte d’emploi, sous-emploi, perte de rendement, absentéisme, addictions, mortalité, actes délictuels…
L’étude EMBLEM (9), importante étude européenne, mise en place grâce aux Laboratoires Lilly,  ayant inclus plus de 3500 patients dans 14 pays, vient confirmer ces données, en ce qui concerne le statut marital (seuls 42 % des patients ont une intégration familiale), le statut professionnel (seuls 28% des patients ont peu ou pas de répercussions socio-professionnelles), et la qualité de vie,  qui est altérée chez les deux-tiers des patient.

                                  Dr Christian GAY

Référence :
1) Begley CE, Annegers JF, Swann AC, Lewis C, Coan S, Schnapp WB, Bryant-Comstock L. The lifetime cost of bipolar disorder in the US.
Pharmacoeconomics 2001; 5: 483-495
2) Bénézech M, Yesavage JA, Addad M, Bourgeois M, Mills M
Homicide by psychotic in France : a five years study
J Clin Psychiatry 1984; 45: 85-6
3) Bénézech M, Bourgeois M. L’homicide est fortement corrélé à la depression et pas à la manie.
L’Encephale 1992; 18 : 89-90
4) Chakrabarti S, Kuhara P, Verma SK
Extent and determinants of burden among families of patients with affective disorders
Acta Psychiatr Scand 1992 ; 86 : 247-252
5) Coryell,  W  The enduring psychosocial consequences of mania and depression
Am J Psychiatry 1993 ; 150: 720-1
6) Das Gupta R & Guest JF Annual cost of bipolar disorder to UK society
Br J Psychiatry 2002 ;180: 227-233
7) De Zelicourt M, Dardennes R, Verdoux H, Gandhi G, Papatheodorou ML, Edgell ET, Khoshnood B, et al
Le trouble bipolaire en France. Prévalence des épisodes maniaques et coûts des hospitalisations pour ce motif.
L’Encéphale 2003 ; 29 : 248-253
8) Dore G,  Romans SE
Impact of  bipolar affective disorder on family partners
J Affet Disord  2001 ; 67 : 147-58
9) Etude EMBLEM, résultats préliminaires, à paraître
10) Eronnen M, Hakola P, Tiihonen J
Mental disorders and homicidal behavior in Finland
Arcg Gen Psychiatry 1996; 53: 497-501
11) Galli V,  Mc Elroy SL, Soutullo CA, Kizer D, Raute N, Keck PE Jr et al
The psychiatric diagnosis of twenty-two adolescents who have molested other childer
Comp Psychiatry 1999; 40:85-8
12) Goldberg JF, Harrow M, Grossman LS
Course and outcome in bipolar affective disorder : a longitudinal follow-up study.
Am J Psychiatry 1995; 152 : 379-84
13) Judd LL, Akiskal HS, Schettler PJ, Endicott J, Maser JD, Solomon DA et al
The long term natural histor of the weekly symptomatic status of bipolar I disorder.
Arc Gen  Psychiatry 2002; 59: 530-537
14) Judd LL, Akiskal HS, Schettler PJ, Coryell W, Endicott J, Maser JD et al A prospective investigation of the natural history of the long term weekly symptomatic  status of bipolar II disorder
Arch Gen Psychiatry 2003; 60: 261-269
15) Kapfa MP, Prentkly RA
Preliminary pobservations of DSMIII-R axis I comorbidity in men with paraphilias abs paraphilia-related disorders
J Clin Psychiatry 1994 ; 55: 481-7
16) Leong GB, Silva JA
Revisiting arson from an outpatient forensic perspective
J Forensic Sel 1999; 44: 558-63
17) Mc Elroy SL, Soutullo CA, Taylor P Jr, Nelson EB, Beckman DA, Brusman LA et al
Psychiatric features of 36 men convicted of sexual offenses
J Clin Psychiatry 1999; 60: 414-20
18) Olié JP et Levy D
 Manic episodes : the direct cost of a three month period following hospitalisation
Eur Psychiatry 2002 ;17 :278-286
19) Perlick  D, Clarkin JF, Sirey J, Raue P, Greenfield S
Burden experience by care-givers of persons with bipolar affective disorder
Br J Psychiatry 1999 ;175: 56-62
20) Puri BK, Baxter R, Cordess CC
Characteristics of fire-setters. A study and proposed multiaxial psychiatric classification
Br J psychiatry 1995;166: 393-6
21) Räsäsen P, Hakko H, Vaisanen E
The mental states of arsonists as determined by forensic examinations
Bull Am Acad Psychiatry Law 1995; 23: 547-53
22) Ris KJB
A psychiatric study of adults arsonists
Med Sci Law 1994; 34: 21-34
23) Ritchie EC, Huff TG
Psychiatric aspects of arsonists
J Forensic Sci 1999; 44:733-40
24) Romans SE, McPherson HM.
The social networks of bipolar affective disorder patients.
J Affect Disord 1992; 25: 221-228
25) Suppes T, Leverich GS, Keck PE, Nolen WA, Denikoff K, Altshuler LL et al
The Stanley foundation bipolar treatment outcome network, II : Demographics and illness characteristics  of the first 261 patients
J affect Disord 2001; 67: 45-54
26) Wyatt RJ, Henter I.  An economic evaluation of maniac-depression illness- 1991.
Soc Psychiatr Epidemiol 1995; 30: 213-9

jeudi 5 décembre 2013

Comment reconnaître un bipolaire ?


Le Nouvel Observateur" publie le 7 février un dossier sur les bipolaires. Ces troubles de l'humeur sont de plus en plus répandus, et envahissent les films, les séries télé et internet. Au point d'être considérés comme le nouveau mal du siècle. Qu'est-ce que la bipolarité ? Quels en sont les causes, les symptômes et les traitements ? Explications de Christian Gay, spécialiste des troubles bipolaires, psychiatre à la clinique de Garches.


Cyclothymie, maniaco-dépression, bipolarité : quels sont les symptômes et les traitements de cette maladie encore assez méconnue, qui touche 6% de la population ?

  • Maniaco-dépressifs et bipolaires, c'est pareil ?
"Selon les époques, les mots me concernant ont changé : on m'a dit maniaco-dépressif ou bipolaire… Un siècle plus tôt, on aurait juste dit fou. Je veux bien." C'est ainsi que dans son beau livre, "l'Intranquille" (1), le peintre Garouste évoquait sa bipolarité. Une simple histoire de mots ?
Il y a trente ans, la psychiatrie ne parlait pas de troubles bipolaires mais de psychose maniaco-dépressive. La forme la plus aigüe de bipolarité. "Elle touche 1 à 2% de la population", dit Christian Gay, psychiatre à la clinique de Garches (2). "Cela correspondait partiellement à ce que nous appelons aujourd’hui les troubles bipolaires de type I, les plus faciles à diagnostiquer, en raison du caractère aigu et souvent délirant des symptômes d'excitation facilement identifiables."
Depuis les années 1990, les troubles bipolaires sont cependant mieux connus. "On s’est rendu compte qu’ils étaient plus répandus qu’on ne le pensait. Mais ils n’étaient pas diagnostiqués, et souvent confondus avec des dépressions ou masqués par d'autres troubles associés telles l'alcoolo-dépendance, la toxicomanie ou des troubles graves de la personnalité".
On estime aujourd'hui que 6% de la population souffre de troubles bipolaires (toutes formes confondues, en intégrant aussi les formes atténuées telle la cyclothymie). Cette maladie encore assez méconnue constitue pourtant, selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la 6e cause de handicap dans le monde. "Sans compter le risque de suicide, évalué de 10 à 15%, et un taux élevé de mortalité", rappelle Christian Gay.
  • Les différentes formes de bipolarité
Les bipolaires de type 1 étaient jadis diagnostiqués maniaco-dépressifs. Ils alternent les phases maniaques aigües délirantes et les phases de dépression profondes. Des "délires" qui pourront chez certains se traduire par des dépenses compulsives. C'est ce que raconte le gestionnaire de fortune Jean Albou, figure de l'art contemporain, bipolaire, qui lors d'une crise maniaque en 2007, bascula totalement, se ruina, laissant derrière lui des dettes de plusieurs millions d'euros...(3)

Les bipolaires "type 2" sont moins reconnaissables. "Les phases d'excitation sont dites hypomaniaques car plus discrètes", explique Christian Gay. "Elles sont donc difficiles à repérer. Les personnes souffrant de ce trouble sont souvent d'ailleurs bien intégrées. Ce n'est que quand survient la dépression qu'elles sont traitées. "Ce qui pose un sérieux problème, car soigner un trouble bipolaire uniquement avec des antidépresseurs peut aggraver la maladie".

Les spécialistes ont ainsi détecté toute une catégorie de troubles, les type 3 : "Ce sont des formes révélées par les antidépresseurs, alors qu’elles auraient dû être traitées ou associées à des régulateurs d’humeurs."

Les types 4 correspondent aux troubles cyclothymiques.

Quant aux type 5, ils correspondent à un profil de patients hyperactifs. "Ils restent en permanence en phase d'excitation. Ce sont souvent des personnes avec d'importantes responsabilités dans leur travail, qui vivent à 100 à l'heure. Et sont donc rarement diagnostiqués comme tels... sauf lorsqu'ils tombent en dépression, ce qui peut leur arriver à tout moment."
  • Comment soigne-t-on ces troubles ?
"Plus la prise en charge est rapide, plus le patient a de chance de bien répondre au traitement", explique Christian Gay. "En général, on prescrit un régulateur d'humeur type lithium". Malheureusement, les premiers symptômes de la maladie passent souvent inaperçus. Et les diagnostics sont tardifs. "10 ans de retard en moyenne".
Avec tous les risques qui en découlent : désinsertion sociale, familiale et professionnelle, des cycles qui s'accélèrent et deviennent ingérables, un trouble qui devient chronique. Aujourd'hui, le traitement de la bipolarité ne repose cependant plus seulement sur les médicaments.
"Les thérapies comportementales peuvent se révéler très bénéfiques. On utilise aussi beaucoup désormais la psycho-éducation, une approche qui aide le patient et son entourage à déceler et juguler les crises." Les patients doivent aussi tout faire pour préserver un rythme de vie stable, routinier, dormir, éviter les situations de stress. "Si elle est prise en charge tôt et bien suivie, une personne atteinte de trouble bipolaire peut tout à fait avoir une vie normale".
  • Quelles sont les causes de la maladie ?
Les spécialistes emploient un mot barbare "le modèle bio-psycho-social" pour évoquer l'ensemble des facteurs pouvant provoquer cette maladie. Ce qui veut tout simplement dire que les causes de ce trouble sont multiples, à la fois génétiques, psychologiques et environnementales.
"Un traumatisme dans l’enfance peut constituer une situation de vulnérabilité au même titre qu'un terrain prédisposé génétiquement", dit Christian Gay. "Souvent, un deuil, une situation de stress comme la préparation d'un examen ou un choc émotionnel jouent le rôle de détonateur."


(1) "L'Intranquille", de Gérard Garouste et Judith Perrignon (Editions de l'Iconoclaste, 2009).
(2) "Vivre avec un maniaco-dépressif", de Christian Gay (Hachette, 2008).
(3) "Un fou dans l'art, confessions d'un serial collectionneur", de Jean Albou (Editions la Martinière, 2010).

                                                                                          

mercredi 4 décembre 2013

La somatisation...la plainte du corps


Force est de constater que l’actuelle période faite d’agitation où tout s’accélère, est un terrain propice aux somatisations qui ponctuent le quotidien dès qu’une douleur ou une fatigue se fait ressentir. Selon le langage courant la somatisation évoque des souffrances diverses localisées au niveau du corps. Mais somatiser montre bien plus que cela. C’est l’évocation d’un mal être, d’une plainte qui se matérialise par un ensemble de symptômes plus ou moins bien définis.
Aussi, la somatisation représente un signal. Celui de l’urgence de s’occuper de soi afin de reconnaître l’existence d’un trouble. Pour cela l’exploration du langage corporel est nécessaire, le corps ayant le pouvoir d’exprimer par une symbolique qui lui est propre le dérèglement du psychisme et de la souffrance de l’âme.
A ce stade, la question dépasse le «pourquoi je somatise» pour s’intéresser au «comment je somatise». Elle invite à décoder le langage d’un corps souffrant pour pénétrer les mystères des interactions entre
la physiologie et la psyché.

Qu’est ce que la somatisation ?

En grec, «soma» signifie «corps». La somatisation est la traduction d’un conflit psychique en affection somatique.
Historiquement les premières somatisations furent repérées à la fin du 19ème siècle par l’observation de cas d’hystérie.
Chez ces patients, il s’agissait d’une détresse psychologique qui s’exprimait par des troubles neurologiques avec l’installationde paralysies.
Pour, Freud, Breuer et Charcot, médecins et chercheurs de l’époque, le lien entre le mental et le corps apparût assurément. Puis,dans les années 50 l’observation des maladie sa confirmé l’association de facteurs psychiques. La relation entre le corps et l’esprit se renforça.

Aujourd’hui, aborder la somatisation c’est poser le constat préalable de ce lien indéfectible entre l’appareil psychique et le corps. C’est aussi reconnaître l’expression de son dérèglement lorsqu’il se manifeste sous la forme d’une souffrance corporelle codée.

La globalité comme principe fondamental

Déchiffrer le mécanisme de la somatisation oblige à cesser de vouloir compartimenter l’individu, de le diviser en tranches comme si l’on soignait que des éléments indépendants, séparés de la considération de l’ensemble.

Et malgré les progrès d’une médecine toujours plus performante dans ses applications techniques, la somatisation et son cortège de symptômes reste un des aspects les plus fréquents concernant les plaintes observées en consultations de médecine générale.

Que dire alors des manifestations corporelles qui accompagnent le vécu des patients au cours des séances de psychothérapie?

Par conséquent, l’absolue nécessité d’envisager une approche globale montre une passerelle entre les différents niveaux de fonctionnement d’une personne, lorsque les maux du corps retentissent sur les blessures de l’âme.

Comment ça marche ?

Le mécanisme est subtil et reflète la complexité de l’Etre. En état d’équilibre notre corps obéit aux lois de la physique et de la chimie tout comme notre psychisme est sous l’emprise de forces conscientes et inconscientes. La régulation harmonieuse de ses forces génère des sensations de bien être et un sentiment de faire face aux événements de la vie. Pour nombre d’entre nous cette perception est le fruit d’une adaptation permanente des tensions courantes qui sont ressenties entre notre vie intérieure et les fluctuations de la vie extérieure. En cas de perturbations trop importantes les angoisses et les tensions deviennent trop fortes et dérèglent la stabilité mentale qui se trouve alors en danger. La conscience, prise en défaut d’acceptation,refuse et refoule l’énergie de la menace dans

l’inconscient. Les forces internes se bouleversent et l’équilibre du fonctionnement de l’appareil psychique est rompu. Comme de toute façon l’énergie de la tension doit forcément s’exprimer, elle produit un symptôme qui apparaît sous la forme d’une manifestation corporelle. C’est le processus de somatisation.

A chacun sa propre expression

Enumérer toutes les formes de somatisation serait fastidieux tant chaque individu réagit aux événements de la vie d’une façon qui lui est spécifique. Cependant, les troubles somatiques concernent habituellement la physiologie des systèmes cutané, articulaire, gastrique, neurologique et sexuel. Par exemple l’association de douleurs atypiques localisées aux niveaux du dos, des articulations, de la tête...,lexistence de nausées, de vomissements, de diarrhées. Sur le plan sexuel, des troubles de l'érection ou de l'éjaculation, la frigidité, le vaginisme, des règles irrégulières et excessives. D’autres manifestations apparemment neurologiques peuvent signifier une somatisation: la « boule dans la gorge » ou «le nœud» à l’estomac. La perte de la sensibilité tactile, des hallucinations, une amnésie. Le psoriasis et l’eczéma sont aussi le reflet somatique de troubles anxieux qui se dévoilent au niveau de la peau.

L’évolution vers la maladie psychosomatique.

Dans le meilleur des cas la somatisation se manifeste sous des aspects bénins et réversibles, les symptômes revenant souvent avec la même forme: crises d’asthme, hypertension, coliques et de douleurs.
En plus de leurs impacts sur l’individu, ils provoquent une souffrance sociale et professionnelle. Par la suite, l’évolution vers une chronicité se fait conjointement avec l’affaiblissement des défenses naturelles de l’organisme. C’est la porte ouverte à l’installation de maladies psychosomatiques souvent graves de part leur irréversibilité. Comme les maladies auto-immunes et les maladies cancéreuses dont l’évolution peut conduire jusqu’à la mort.

Comment repérer la somatisation ?

Cette sinistre progression peut s’éviter dès que l’on s’applique à porter une                    attention aigue aux symptômes. Pour cela, il faut dans un premier temps savoir s’écouter et s’arrêter. Il n’est pas question ici d’encourager quelconque forme de nombrilisme ou de légitimer l’hypochondrie, mais plutôt de développer une conscience corporelle qui aura pour but de se laisser guider vers la présence d’un conflit qui se joue en arrière plan dans la profondeur de l’inconscient. L’objectif ambitionne le rétablissement de l’équilibre entre le mental et le ressenti corporel. Mais le chemin est long et sinueux. En effet, énormément de personnes se sentent «coupées» de leurs sensations révélant leurs présences que lors de l’apparition de la douleur. Il est bien souvent trop tard. Le processus de somatisation est déjà en route. Faire attention à ses sensations est accessibles et le message spécifique qu’elles nous adressent vaut largement le fait d’être entendu.
Il faut donc commencer par nous mettre sur «pause», sentir et ressentir...


Un langage à décrypter

C’est établi, le corps a la capacité d’exprimer à grands «cris» la souffrance psychique. Les symptômes signent alors unlangage symbolique bien spécifique qui conduit inexorablement à la rencontre des émotions et des sentiments refoulés. Son décryptage mène vers une conscience claire et lucide des conflits inconscients. A charge pour chacun, avec l’aide d’un thérapeute si nécessaire, de déterminer le sens et d’y remédier.
Aussi, comprendre la somatisation est d’un intérêt majeur: libérer l’énergie du conflit comme le ferait une soupape pour permettre à nouveau l’équilibre. L’enjeu d’un retour à la stabilité du fonctionnement psychisme est à ce prix. Voici quelques exemples significatifs relevés lors de psychothérapies que j’ai pu menées.
Patrick, 38 ans souffre d’une impuissance sexuelle (symptôme corporel). Dans l’histoire de mon patient, elle traduit le refus de sa propre puissance et son impossibilité à s’exprimer face à une mère castratrice (conflit psychique inconscient).
Viviane me consulte pour une sensation d’étouffement associée à une boule permanente dans la gorge (symptôme corporel). Chez cette femme de 32 ans, les symptômes manifestent la souffrance d’une naissance difficile avec étranglement par le cordon ombilical, (conflit psychique inconscient).
Pascale 41 ans, souffre d’une maladie rhumatismale généralisée associée à une dépression existentielle (symptôme corporel). Un lourd secret de famille concernant les circonstances dramatiques du décès d’un enfant, traduisait une énergie destructrice contre elle-même et exprimée par le processus inflammatoire (conflit psychique inconscient).
Les psychothérapies menées ont permis d’améliorer considérablement l’état des ces patients.

Approche thérapeutique

Etre attentif à la psychosomatique est important. Mais ilne serait pas juste de tout psychologiser. Il s’agit simplement d’être observateur de ses fonctionnements,du sens que peut prendre une gêne ou une douleur insolite. Je le rappelle à nouveau: le corps et l’esprit sont intimement liés.

S’occuper de guérir uniquement le symptôme sans s’attacher à la cause diffère la souffrance.
Par conséquent, le traitement de la somatisation impose une démarche profonde et globale.
L’association d’une psychothérapie analytique à la dimension psychocorporelle est souvent très efficace.
Le thérapeute considère l’histoire du patient tout en travaillant les lieux du corps où se manifestent les douleurs et les tensions. Ici, le «toucher» prend toute sa place et permet l’éveil des émotions et des sensations.
Le but étant de donner au patient la possibilité de dire son ressenti afin de conscientiser les résistances internes. Une autre approche thérapeutique concerne la pratique de séances de sophrologie et la relaxation. Ces méthodes corporelles restaurent l’équilibre psychosomatique.
Enfin la mise en situation lors de jeux de rôle favorise la prise de conscience des
conflits refoulés.
La somatisation est le moyen mis en œuvre par l’organisme pour se protéger de trop grandes tensions psychiques. Cette souffrance cachée, cristallisée dans le corps par le symptôme est un appel qui informe dun dérèglement en court.
Ne pas l’entendre revient à retourner contre soi de grandes forces de destruction. Il suffit de se porter de l’attention pour en décoder la signification.

                                                                                           Éric TOGNON