Pourquoi ce journal intime ?

Un besoin d'écrire tout simplement ? Aligner les mots et maux comme une thérapie ?
A maintes reprises j'ai cherché en vain des blogs parlant de le bipolarité et jamais je ne m'y suis retrouvée.
Je désire un blog simple où chaque personnes malades ou non puissent s'exprimer librement.
N'hésiter pas à m'envoyer vos textes, poésies...je les publierais, avec votre consentement bien sur.
Mon but n'est pas d'avoir plusieurs lecteurs mais si je peux aider, soutenir une seule personne et partager avec elle ce sera pour moi partie gagnée !!
Nathalie


lundi 23 juillet 2012

L'Hermite...

L’Hermite


La vocation de l’ermite est souvent mal comprise. L’ermite ne se retire pas du monde parce qu’il se sent rejeté, parce qu’il n’a rien trouvé de mieux à faire que d’errer dans les montagnes ou parce qu’il est incapable de faire face à ses responsabilités. S’il prend cette décision qui peut paraître extrême, c’est qu’il s’est rendu compte qu’il ne peut pas contrôler son esprit et résoudre le problème du bonheur et de la souffrance au milieu des activités sans fin de la vie ordinaire, aussi futiles que distrayantes. Il ne fuit pas le monde, il prend ses distances par rapport à lui pour le mettre en perspective et mieux percevoir son fonctionnement. Il ne fuit pas non plus ses semblables, il a besoin de temps pour cultiver l’amour et la compassion authentiques que n’affecteront pas les préoccupations ordinaires comme le plaisir et le déplaisir, le gain et la perte, la louange et le blâme. Comme le musicien qui fait ses gammes ou l’athlète qui entraîne son corps, il lui faut du temps, de la concentration et une pratique assidue pour maîtriser son esprit chaotique, pénétrer le sens de la vie, puis mettre sa sagesse au service des autres. Sa devise pourrait être : “ Se transformer soi-même pour mieux transformer le monde. ”
Les situations agitées de la vie ordinaire, en effet, rendent très difficiles le progrès dans la pratique, et pour développer sa force intérieure, il est préférable de se consacrer uniquement à l’entraînement de l’esprit pendant le temps qui sera nécessaire. L’animal blessé se cache dans la forêt pour guérir de ses blessures avant de pouvoir gambader à nouveau comme il lui plaît. Nos blessures à nous, ce sont celles de l’égoïsme, de la malveillance, de l’attachement, et des autres toxines mentales.
L’ermite ne “ pourrit pas dans sa cellule ”, comme certains l’ont écrit. Ceux qui ont fait l’expérience de ce dont ils parlent vous diront plutôt qu’il mûrit dans son ermitage. Pour celui qui demeure dans la fraîcheur de la pleine conscience du moment présent, le temps n’a pas la lourdeur des jours passés dans la distraction, mais la légèreté du vécu pleinement savouré. Si l’ermite perd le goût de certaines préoccupations ordinaires, ce n’est pas que son existence est devenue insipide, c’est qu’il reconnaît, parmi toutes les activités humaines possibles, celles qui contribuent véritablement à son propre épanouissement et au bonheur des autres.

Matthieu Ricard


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