L’Hermite
Les situations agitées de la vie ordinaire, en effet, rendent très difficiles le progrès dans la pratique, et pour développer sa force intérieure, il est préférable de se consacrer uniquement à l’entraînement de l’esprit pendant le temps qui sera nécessaire. L’animal blessé se cache dans la forêt pour guérir de ses blessures avant de pouvoir gambader à nouveau comme il lui plaît. Nos blessures à nous, ce sont celles de l’égoïsme, de la malveillance, de l’attachement, et des autres toxines mentales.
L’ermite ne “ pourrit pas dans sa cellule ”, comme certains l’ont écrit. Ceux qui ont fait l’expérience de ce dont ils parlent vous diront plutôt qu’il mûrit dans son ermitage. Pour celui qui demeure dans la fraîcheur de la pleine conscience du moment présent, le temps n’a pas la lourdeur des jours passés dans la distraction, mais la légèreté du vécu pleinement savouré. Si l’ermite perd le goût de certaines préoccupations ordinaires, ce n’est pas que son existence est devenue insipide, c’est qu’il reconnaît, parmi toutes les activités humaines possibles, celles qui contribuent véritablement à son propre épanouissement et au bonheur des autres.
Matthieu Ricard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire