Vous l’aimez et l’autre vous aime, cette personne qui partage votre vie, cette personne qui partage votre lit, cette même personne ne partage pas vos envies.
Pourquoi ?
Qui est l’autre ?
Pour vous, sans doute, ce qu’elle a vécu fait partie de son passé, un passé où vous n’étiez pas, un passé comme les autres plus ou mieux douloureux.
Vous aussi sans doute avez vécu des évènements vous provoquant souffrances et ressentiments à un moment de votre vie.
Mais le corps, ce que vous possédez de plus précieux, la seule ‘chose’ qui vous appartienne vraiment. Votre corps n’a pas été capturé.
La capture… c’est exactement le terme adéquat ! Celui ou celle qui a subi : incestes – abus sexuels a bel et bien été capturé corps et âme. Pris en otage corps et âme et sous le poids d’un odieux chantage, un chantage fait à lui même et par lui même : le chantage de la honte et de la culpabilité. Un chantage fait par les autres, ces autres qui leurs étaient les plus chers et les plus proches.
Leurs ressentis, leurs impressions à ces capturés pris dans les mailles d’un filet immonde tissé d’incompréhensions, de suspicions, de doutes, d’accusations… Un corps de porcelaine…
Le cerveau n’est plus logé là où il devrait être, il est presque palpable, leurs pensées mêmes sont à fleurs de peau. Le corps et l’esprit ne font plus qu’un. Lorsque vous les touchez, vous ne touchez pas : un bras, une cuisse, un sexe ; vous touchez le passé, vous touchez l’inconscient, vous touchez l’intouchable… Et si vous insistez la fissure de la porcelaine s’agrandit d’avantage. Celui qui a subi ne voit pas vos gestes de tendresse, il ne voit qu’agression, humiliation, salissure et honte.
Arrêtons là les images et construisons la réalité.
Le corps de l’autre :
Comme une femme battue conservera très longtemps le reflexe de se protéger le visage à chaque haussement de voix, à chaque geste un peu brusque, à chaque dispute même banale ; une victime d’abus sexuels resserrera les jambes à chaque tentative d’approche. Même une caresse sur la joue peut lui sembler agressive dans le sens où elle va suivre un chemin de pensée qui ne sera pas forcement le votre mais celui qu’elle s’est construit.
Lorsqu’elle est dans la reconstruction, grâce à une thérapie, elle est encore plus fragile, car la personne qu’elle a été… la victime qu’elle a été, est là présente en elle puisqu’elle est de nouveau dans ce stade de par le fait qu’elle ressorte son vécu auprès de son thérapeute.
Elle le ressort de façon à pouvoir évacuer cette personne de son corps et de son esprit.
Il n’est pas encore clair pour elle qu’elle a été victime !
Elle se questionne, s’interroge sans cesse sur ce qui a provoqué cette atrocité, si elle en est responsable et comment et pourquoi…
Le plus fréquemment nous entendrons :
- - J’aurais du l’arrêter
- - J’aurais du dire non plus fort
- - Je l’ai surement cherché
- - Je n’aurais pas du le suivre
- - Je n’aurais pas du être là
- - Ce n’est pas de sa faute
- - C’est moi la coupable
Pourquoi je fais un parallèle avec les femmes battues ?
Parce que ce sujet devient enfin moins tabou ; alors que l’abus sexuel, l’inceste, la pédophilie sont encore bien cachés, les victimes continues à être les seules à avoir honte !!!
Votre corps :
Vous le conjoint qui vous sentez rejeté, consciemment ou inconsciemment.
Vous le conjoint qui pensez que tout va bien.
Vous le conjoint qui souffrez de sa souffrance.
A vous, il n’y a qu’un seul mot : PATIENCE !
Vous l’aimez, vous n’aimez pas qu’un corps.
Vous l’aimez pour sa douceur, sa gentillesse, sa présence, son écoute.
Alors écoutez-la ! Ecoutez ce qu’elle ne vous dit pas…
Ecoutez moi quand je vous dis PATIENCE.
Ne demandez pas, ne forcez pas, même sous forme de jeux cela reste pour elle une agression.
Aidez là sur le chemin thérapeutique qu’elle a entrepris.
Vous la voyez en larmes n’interrogez pas, dites lui je suis là !
Vous la voyez prostrée, demandez lui de vous regarder pour qu’elle voit la plus belle image d’elle même !
Vous la voyez rire, riez avec elle…
Respectez sa pudeur, respectez ses craintes, respectez ce corps qui lui fait mal !
Un jour viendra où elle ira à vous, mais en attendant, le soir au couché prenez la juste dans vos bras en lui disant :
JE T’AIME ET JE SUIS LÀ POUR TOI.
article de Jocelyne Poussant (Psychanalyste – Thérapeute Analytique)
06.27.67.10.26 jocelyne.poussant@gmail.com
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