Basculant d'un extrême à l'autre sur la palette des humeurs, le
cyclothymique passe pour le lunatique qu'il n'est pas. Heureusement,
Prentiss Price apprend à ceux qui en souffrent à mieux connaître leur
trouble et gérer les deux pôles grâce au "Manuel du cyclothymique".
Malade, mais de quoi ?
La
cyclothymie est un trouble de l’humeur. Un bref aperçu de la façon dont
les professionnels de la santé mentale appréhendent les troubles
psychiatriques vous permettra de mieux comprendre cette affection. Ces
derniers utilisent le Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux (Association américaine de psychiatrie, 2000), ou « DSM » pour
diagnostiquer les troubles mentaux. Le DSM dresse la liste d’une
centaine de troubles, regroupés en une dizaine de catégories, sur la
base de leurs similitudes. Parmi ces catégories, on trouve les troubles
de l’anxiété, de l’alimentation, du sommeil et de la personnalité. Il y a
aussi une catégorie « troubles de l’humeur ». Ceux-ci sont divisés en
deux groupes : les troubles unipolaires et les troubles bipolaires.
Les troubles de l’humeur unipolaires
Les troubles unipolaires portent bien leur nom, car ils qualifient un seul pôle d’humeur : celui de la dépression. Les troubles unipolaires incluent les troubles dépressifs majeurs (qu’on appelle également la dépression clinique) et les troubles dysthymiques, aussi appelés dysthymie. C’est d’un trouble chronique de l’humeur, moins grave que la dépression, mais qui dure plus de deux ans. Les personnes atteintes de dysthymie peuvent donner l’impression qu’une légère dépression fait partie de leur personnalité.
Les troubles de l’humeur bipolaires
Les troubles bipolaires qualifient deux pôles d’humeur : la dépression — humeur basse, ralentie, déprimée — et la manie, ou l’hypomanie — humeur haute, dynamique, excitée. Il existe trois types de troubles bipolaires. Les troubles bipolaires I sont caractérisés par l’existence d’un ou de plusieurs épisodes maniaques, généralement accompagnés d’épisodes dépressifs. Les troubles bipolaires II sont caractérisés par l’existence d’un ou de plusieurs épisodes dépressifs et a minima d’un épisode hypomaniaque. Un épisode est un ensemble de symptômes (maniaques ou dépressifs) ressentis à peu près au même moment.
Les
troubles bipolaires I et II sont souvent invalidants et parfois
dangereux. Les personnes souffrant d’un de ces troubles ont pour la
plupart besoin de soins psychiatriques intensifs, voire d’une
hospitalisation. Dans la phase maniaque du trouble bipolaire I, des
symptômes psychotiques peuvent survenir : la personne entend des voix,
croit voir des choses qui n’existent pas, perd le contact avec la
réalité. Ceux qui sont atteints de ces maladies bipolaires graves
ont besoin d’un traitement psychiatrique long et doivent prendre tous
les jours des stabilisateurs d’humeur.
La cyclothymie, une forme légère de trouble bipolaire
La cyclothymie est le troisième type de trouble bipolaire. Le trouble cyclothymique est au trouble bipolaire ce que la dysthymie est au trouble unipolaire : c’est une forme plus légère de trouble bipolaire, qui inclut des changements d’humeur allant de la dépression (mais pas majeure) à l’hypomanie (moins intense que la manie des troubles I et II). La cyclothymie n’est pas aussi invalidante que les troubles bipolaires I et II, les personnes qui en sont atteintes n’ont pas de symptômes psychotiques et leur état ne requiert pas qu’elles soient hospitalisées. Bien que ce trouble génère un certain nombre de difficultés, beaucoup de personnes qui en sont atteintes n’ont jamais cherché à se faire diagnostiquer ou soigner.
Tandis que les troubles bipolaires plus graves nécessitent des médicaments pour stabiliser l’humeur, les cyclothymiques peuvent se passer de médicaments pour gérer leurs symptômes,
surtout s’ils apprennent à maîtriser leurs humeurs, s’ils ont des
proches qui les soutiennent et s’ils reconnaissent leurs
symptômes tôt.La cyclothymie est une forme légère de trouble bipolaire,
car, en général, les hauts et les bas ne sont pas aussi graves que chez
les personnes atteintes de trouble bipolaire I et II. Les
symptômes dépressifs sont moins sévères que ceux caractérisant un
épisode dépressif d’après le DSM et les symptômes maniaques sont plus
faibles que ceux d’un épisode maniaque (c’est pour cela que l’on parle
d’hypomanie, plutôt que de manie, dans le cas de la cyclothymie).
Extraits de Manuel du cyclothymique, Eyrolles (1 septembre 2011)
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