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Nathalie


mardi 14 mai 2013

Zyprexa® : Il devrait être retiré d’urgence du marché


4954497152_8052180a12.jpg                                                                En décembre 2010, L’Express avait répertorié 10 médicaments à retirer d’urgence du marché, dont le Zyprexa®. Ce psychotrope, commercialisé en France depuis 1999, est utilisé contre la schizophrénie. Son principe actif est l’olanzapine. Déjà prescrit à plus de 20 millions de malades, ce médicament qui est, de loin, le plus rentable du laboratoire Ely Lilly, fait partie de la liste des 77 médicaments considérés dangereux par l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). Cela n’empêche pas qu’il soit toujours en vente et remboursé à 65 %, alors que la boite de 28 comprimés de 10 mg coûte 61,03 euros.
Or, on sait à quel point la prescription de ce genre de drogue dépasse les cibles officiellement déclarées puisque le Mediator était largement ordonné comme coupe-faim. L'objectif commercial de tout laboratoire est d’élargir les indications de leurs médicaments pour pouvoir les prescrire plus largement. Au fil des ans, Lilly a suggéré, études à l'appui, que le Zyprexa® est efficace pour la dépression et les troubles bipolaires. Aussi, comment croire qu’il n’est prescrit qu’à des schizophrènes ?
Dès 1996, nombre de critiques, particulièrement celles de l'Association américaine des diabétiques, ont signalé que ce médicament était plus apte à provoquer le diabète que les autres drogues conseillées pour la schizophrénie.
13964185_e2c80f4f17.jpgMalgré l’évidence, le laboratoire a toujours contesté ces effets secondaires, alors que depuis 1999 il s’en inquiétait, non par rapport aux malades mais aux ventes qui pourraient se réduire. Comme le directeur médical de la firme, le Dr Alan Breier, l’écrivait en novembre 1999 dans un courrier Internet à deux douzaines d’employés de la maison : « Le gain de poids et l'hyperglycémie associés à l'olanzapine sont des menaces majeures au succès à long terme de cette molécule d'une importance capitale. » Il est évident que « l’importance » de cette molécule ne concernait que les finances « à long terme » de la firme pharmaceutique.
Les ventes sont devenues plus difficiles lorsque les médecins se sont aperçus des réactions pernicieuses. Aussi, en 2002, Lilly rejeta le projet d’informer les psychiatres au sujet du diabète afin de ne pas ternir la réputation du Zyprexa®. Le laboratoire étendit alors son marché auprès des généralistes, moins avertis des effets secondaires du produit. Il encouragea ses représentants à décrire ce médicament comme un psychotrope « sûr, doux, parfait pour ceux qui ont des maladies mentales sans gravité ».
5266768355_976857a52e.jpgPendant plusieurs années, Eli Lilly a fourni aux médecins des informations sur son médicament vedette qui ne correspondaient guère aux résultats internes mis à jour par la firme lorsqu’elle procéda aux premiers essais cliniques du produit. En effet, en 2001, les services commerciaux du laboratoire ont avoué que les psychiatres ne cessaient de répéter que la plupart de leurs patients qui prenaient du Zyprexa® courraient plus de risques d’avoir du diabète que ceux qui utilisaient d’autres médicaments antipsychotiques.
Ces manigances d’Eli Lilly ont été révélées le 21 décembre 2006 par le New York Times qui a publié des informations concernant les agissements du laboratoire. Les documents publiés par ce journal lui ont été fournis par James B. Gottstein, un avocat canadien représentant les familles de plusieurs malades mentaux qui attaquaient l’État de l’Alaska pour avoir forcé ces patients à prendre des médicaments psychiatriques contre leur gré. L’avocat tenait ces documents d’une personne impliquée dans le procès et il n’était pas soumis à la règle de confidentialité qui couvre les poursuites judiciaires.
D'après ces dossiers internes de la firme, les dirigeants du laboratoire ont caché aux médecins d’importantes informations concernant 30 % des patients traités par ce médicament qui ont très rapidement pris du poids dès la première année. Il faut savoir que la plupart des psychotropes actuellement sur le marché engendrent ce type d'effet indésirable et l’Afssaps a toujours considère ce gain de poids comme « très commun et supérieur à 10 % ». Cette augmentation est accompagnée de risques de diabète que la firme pharmaceutique a toujours essayé d’occulter, persistant à nier tout lien de causalité entre la prise de Zyprexa® et la survenue d'un diabète.
125px-Lilly_logo.jpgEli Lilly a demandé qu’on lui rende ces documents, déclarant qu’il lui était impossible de les commenter. Les responsables du laboratoire répétaient que le Zyprexa® reste un médicament majeur dans le traitement de la schizophrénie et déploraient « la diffusion illicite de documents confidentiels ». Malgré cette « illégalité », ils ne souhaitaient pas poursuivre le journaliste ou le directeur de la publication du New York Times. On les comprend car leur position n’aurait pu qu’en être aggravée. Ils affirmaient alors avoir fourni à la FDA (Food and Drug Administration) toutes les études sur les essais cliniques et les rapports d’effets adverses du médicament, mais persistaient à soutenir qu’il n’existe aucune évidence scientifique que le Zyprexa® puisse causer le diabète. Ils déploraient que ces documents aient pu être publiés car cela risquait d’effrayer les patients qui pourraient alors de ne plus prendre leur médicament.
Les documents publiés par le journal américain comprennent les e-mails, le matériel publicitaire, les perspectives de ventes et les rapports scientifiques, mais ils montrent également le souci constant du laboratoire que « les interrogations sur le diabète et l'obésité ne fassent souffrir les ventes de Zyprexa® ». Basé à Indianapolis, le laboratoire Eli Lilly est le sixième grand fabricant américain de médicaments. L’an dernier, son revenu était de 14 milliards de dollars.
arton725.jpgCette affaire rappelle ce qui s’est passé avec le Vioxx®, dont Merck a arrêté les ventes en 2004 après la publication d’études montrant que ce produit engendrait des problèmes cardiaques. Ces deux produits étaient considérés comme moins dangereux que les médicaments plus anciens et meilleur marché, tous deux sont devenus les best-sellers des laboratoires, mais tous deux ont généré des effets très sérieux.
Sous la pression des médecins et prescripteurs, Merck a conduit ses propres essais sur les risques du Vioxx®, alors que Lilly n’a jamais procédé à ce genre d’étude pour déterminer les risques de diabète avec le Zyprexa®.
 
Des milliers de procédures en cours
En 2005, Eli Lilly a accepté de payer 750 millions de dollars de dédommagements à 8 000 malades plaignants, mais des milliers d'autres procédures sont en cours. Selon certains psychiatres le Zyprexa® devrait continuer à être utilisé malgré ses effets nocifs car il est plus efficace que ses concurrents chez les patients gravement atteints, alors que pour d’autres confrères, le produit n’est pas plus efficace que les médicaments courants. Il serait intéressant de connaître les liens qui existent entre certains psychiatres et le laboratoire.
5580522110_e90d6b0ba9.jpgEly Lilly a également été accusé d'avoir illégalement étendu l’usage du médicament depuis l'automne 2000. En effet, une campagne bien organisée, baptisée « Viva Zyprexa », intimait aux représentants médicaux d’influencer les médecins pour prescrire le Zyprexa® aux patients âgés ayant des symptômes de démence. Il fallait bien rattraper le manque à gagner ! Or la FDA n’a jamais autorisé le Zyprexa® dans les cas de démence et a même averti les médecins « qu'il accroît le risque de décès chez les patients » en question.
Le 5 janvier 2007, Eli Lilly a, une nouvelle fois, accepté de payer plus de 500 millions pour arrêter 18 000 procès en cours, sans compter les indemnités déjà octroyées à des dizaines de milliers de victimes. Ces indemnités ont été beaucoup moins généreuses que les précédentes sous le prétexte que, le Zyprexa®, comme d'autres antipsychotiques, comportait une mise en garde très claire sur les effets secondaires de diabète ajoutée sous la pression de la FDA. Toutefois le diabète n’est pas le seul effet indésirable du produit. Il peut également provoquer des vertiges, somnolence, dyspepsie, constipation, asthénie, tremblement, hypotension posturale et même dans certains cas, rares tout de même, priapisme et leucopénie.
En privilégiant le règlement amiable (28 000 personnes ont été indemnisées), le laboratoire a obtenu que les victimes n’aillent pas jusqu’au procès, ce qui a permis aux actions de Lilly qui étaient tombées de remonter très rapidement.
N’oublions pas que c’est ce même laboratoire qui fabrique le Prozac®, lui aussi sujet à de nombreux procès aux États-Unis mais pas en France.
logoEn mars 2007, lorsque j’avais publié dans le journal Votre Santé un article intitulé « Le Zyprexa® sera-t-il mis en examen ? », ce dernier m’avait valu une réponse personnelle de Dominique Amory, directeur de la filiale française du laboratoire Eli Lilly. Il affirmait avec superbe que « jamais Lilly ne s'est engagé dans une promotion hors autorisation », et que sa première valeur est « le respect des autres ».
Dans sa lettre adressée à Votre Santé, il répondait à mes accusations en affirmant que son groupe avait toujours respecté les règles de transparence vis-à-vis du monde médical, et il me reprochait mon « récit biaisé des faits » et les suspicions dont je faisais état, qui « pouvaient susciter la crainte des patients voire conduire certains d’entre eux à interrompre leur traitement avec tous les risques pourtant bien établis que cela implique. » En fin de lettre, il disait espérer que je tiendrais compte de ces éléments à l’occasion d’une prochaine analyse.
bxp1À l’époque, j’ai préféré ignorer une telle lettre car j’estimais que ce monsieur connaissait, aussi bien que moi-même, les graves accusations qui pesaient sur le laboratoire, alors qu’il écrivait : « […] l’ensemble de nos collaborateurs sont tenus de respecter, à travers la charte de la visite médicale, les bonnes pratiques de promotion favorisant le bon usage du médicament ». Est-ce que le fait d’influencer les médecins pour prescrire le Zyprexa® à des patients chez lesquels il accroît le risque de décès et sans l’autorisation de la FDA, pourtant laxiste sur le sujet, relève des « bonnes pratiques » et du « respect scrupuleux d’une éthique médicale dans ses relations avec les professionnels de la santé », dont se targuait l’auteur de cette lettre ? 
Je n’ai donc pas répondu alors, mais le 31 janvier 2008, dans sa Newsletter, FiercePharma, association américaine qui dénonce les scandales de la santé publique, répondait pour moi en avertissait ses lecteurs : « Si les remords sont proportionnels aux sommes que vous pouvez accepter de payer pour absoudre vos fautes, alors Eli Lilly doit se sentir très coupable au sujet de son produit le Zyprexa®. » Et à l’instar de FiercePharma, le New York Times du même jour nous rappelait que la compagnie était accusée d’avoir incité les médecins à prescrire ce médicament aux patients atteints de démence ou seulement déprimés, alors qu’il n’était agréé que pour les cas de schizophrénie et de troubles bipolaires graves. Les deux médias confirmaient que le laboratoire et les parties civiles qui l’attaquaient essayaient de trouver un accord pour arrêter les enquêtes gouvernementales et fédérales sur la commercialisation de ce produit.
1067677421.jpgPeu de temps après, tout le monde pouvait voir une vidéo dans laquelle Shahram Ahari, un ancien visiteur médical d’Eli Lilly, dévoilait le « cynisme absolu » et les  « combines » d’Eli Lilly pour influencer les médecins et ajoutait qu’il n’avait aucun mal à reconnaître dans la rue des patients psychotiques traités par le Zyprexa®. Quant aux études médicales et aux fameuses statistiques censées fonder scientifiquement la publicité des firmes, « elles sont comme les prisonniers. Il suffit de les torturer assez longtemps pour leur faire dire tout ce qu’on veut qu’elles disent ».
Toujours à la même époque, d'autres anciens visiteurs médicaux ont dévoilé les techniques utilisées pour influencer et manipuler les médecins et pour créer un terrain accueillant en les « intéressant » par des voyages, des repas, des cadeaux, des échantillons et toutes sortes de gadgets que les visiteurs médicaux tiennent à la disposition de « ces grands enfants innocents que sont les médecins, émerveillés par ce qu'on leur offre et ne pouvant pas résister à la tentation... »
C’est alors que j’ai décidé d’envoyer une lettre ouverte à Monsieur Amory par le biais du journal Votre Santé, et cette fois, il n’a pas répondu.
Il a quitté Ely Lilly France en juin 2011 « afin de poursuivre d’autres opportunités professionnelles ».
 
220px-Jackbweinstein.jpgEnfin, le 17  juillet 2008, le juge new-yorkais Jack Weinstein, en charge du recours collectif contre Eli Lilly pour les effets indésirables du Zyprexa®, a violemment accusé les instances publiques de régulation, les autorités sanitaires et particulièrement la FDA, qui ont « laissé faire Eli Lilly et n’ont pas pris les mesures nécessaires afin que les informations disponibles sur l’efficacité et les dangers pharmacologiques du produit parviennent rapidement aux médecins prescripteurs ».
En France, les membres de l’Afsaaps, rebaptisée Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament), qui semblent ignorer totalement ce qui se passe hors de l’hexagone et ont perdu tout sens critique, n’ont pas tiré la moindre leçon du scandale du Mediator et de ses nombreux précédents. Ils « surveillent » le Zyprexa® et attendent sans doute qu’on découvre des centaines d’accidents et de décès, avant de le retirer de la circulation. Aurons-nous un jour en France un juge qui accusera le laxisme des autorités françaises qui persistent à autoriser un médicament dont l’efficacité est contestable, les effets secondaires indiscutables et le prix exorbitant, et dont la renommée est basée sur des mensonges ?
Cependant, tout s’explique lorsqu’on apprend que le Zyprexa®, qui d'année en année, s'est imposé comme l’antipsychotique de référence, est, de loin, le médicament le plus rentable du laboratoire car il reste l’un des médicaments les plus vendus au monde. Ses ventes, qui représentent 28 % de son chiffre d’affaires, s’élevaient à 5 milliards de dollars en 2010. On comprend pourquoi la firme s’acharne à défendre son produit et se permet de payer de telles sommes pour le blanchir.

                                  
                                 


                     

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